Publié le 28 avril 2025
Temps de lecture : 6 min.
Le site Orano de la Hague, dans la Manche, est l’unique centre de traitement des combustibles nucléaires en France. Son procédé, reconnu à travers le monde, permet d’extraire 96 % de matières radioactives, réutilisables dans la fabrication de nouveaux combustibles pour les centrales de production d’électricité. Désigné comme stratégique pour l’avenir de la filière nucléaire française, le site normand fera l’objet d’investissements massifs dans les années à venir.
Le site Orano la Hague en chiffres
- 1er centre pour le traitement des combustibles nucléaires dans le Monde
- 300 ha de superficie
- 6 000 emplois directs
- Une autorisation administrative de traiter 1 700 tonnes de combustible par an
- 41 000 tonnes de combustibles au total depuis 1976
Une référence mondiale

Dans le nucléaire, le recyclage ne date pas d’hier ! Près de 60 ans après son ouverture, en 1966, le centre de traitement de la Hague, dans le Cotentin, tourne encore à plein régime. Parmi les 17 sites industriels du groupe Orano en France, le centre normand est le seul à réaliser le tri et la séparation des matières contenues dans les combustibles nucléaires usés, afin de pouvoir réutiliser l’uranium et le plutonium qu’ils contiennent.
Le centre de la Hague concentre un savoir-faire unique en France et est une référence mondiale, en termes de technologies utilisées et de capacités de production.
Sylvain Renouf, en charge de la communication du site Orano la Hague
Les combustibles nucléaires traités à La Hague proviennent majoritairement du parc nucléaire français mais aussi de pays étrangers parmi lesquels le Japon, les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Australie ou l’Italie. En 2025, l’usine Orano la Hague traitera au total pas moins de 1 130 tonnes de combustibles nucléaires usés, “ l’équivalent d’une année de combustibles nucléaires pour la totalité du parc de centrales français”.
De la COGEMA À ORANO
Situation géographique, conditions météorologiques, nature géologique et réserves foncières : La Hague cochait toutes les cases. En 1959, le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) a choisi la Normandie pour implanter son deuxième centre de traitement des combustibles nucléaires, la première usine étant située à Marcoule et dédiée aux besoins militaires. Mais dès son ouverture en 1966, l’activité de l’usine de La Hague est orientée vers le civil et le traitement des combustibles issus des premières centrales nucléaires françaises.

Face à l’intérêt international, la COGEMA, entreprise privée à capitaux publics, est créée en 1976 pour commercialiser ces services auprès de pays étrangers. Une unité (UP3) est spécialement mise en service pour cela sur le site de La Hague en 1990. L’unité UP2-400, conçue quant à elle pour traiter les combustibles du parc français a été progressivement remplacée par UP2 800 et a fonctionné jusqu’en 2003. Entre-temps, la COGEMA est devenue AREVA, puis Orano, en 2018.
Un savoir-faire unique
Sur le site Orano la Hague, les combustibles nucléaires usés sont traités selon un procédé éprouvé, dont la sûreté est un élément clé. Acheminés dans des emballages de transport sécurisés (conçus par Orano NPS, également présent à Cherbourg-en-Cotentin), ils sont déchargés au sein du site sans intervention humaine directe.
Toutes ces opérations de production sont réalisées à distance depuis des salles de conduite. La maintenance est également réalisée à l’aide de bras téléopérés ou encore avec des moyens robotiques.
Sylvain Renouf
Les assemblages de combustibles (environ 4 m de long et contenant 500 kg de matières) sont d’abord entreposés en piscine pendant sept ans pour réduire leur niveau de radioactivité. Ils sont ensuite découpés et dissouts dans de l’acide nitrique, pour séparer l’uranium et le plutonium des “déchets ultimes”, les produits de fission.

Grâce à cette technologie, 96 % de matière (95 % d’uranium, 1 % de plutonium) peut en être extraite pour être recyclée. En recyclant l’uranium réenrichi dans les centrales, l’économie de ressources peut atteindre 15 %de l’électricité nucléaire française. Le plutonium, transformé en combustible Mox au sein de l’usine de Melox, basé à Chusclan dans le Gard, couvre quant à lui 10 % de la production d’électricité nucléaire. Au total, le recyclage représente un potentiel de 25 % d’économie de matières premières. Les déchets ultimes (4% restants) sont eux vitrifiés et entreposés sur le site Orano la Hague,en attendant d’être pris en charge dans le futur centre de stockage profond, dans l’Est (projet Cigéo de l’ANDRA).
Orano, premier employeur du Cotentin
Le site de La Hague emploie 6 000 personnes, dont 4 500 salariés d’Orano et 1500 sous-traitants. Orano compte aussi d’autres infrastructures dans le Cotentin, comme Orano Projets (ingénierie), Orano DS (démantèlement et services), Orano Temis (conception d’équipements à haute valeur ajoutée), et Orano Nuclear Packages and Services (logistique et transport). Au total, le groupe emploie directement 5 700 personnes en Normandie.
En 2024, Orano a recruté plus de 700 salariés en Normandie (ingénieurs, techniciens de maintenance, radioprotectionnistes, opérateurs) et plus de 300 alternants. Le groupe a également réalisé 1 milliard d’euros d’achats et d’investissements, dont 70 % sur le territoire normand. Pour 2025, il prévoit autant de recrutements et ses investissements devraient atteindre 2 milliards d’euros en 2030.
Un pilier pour l’avenir de la filière traitement-recyclage
En 2024, Orano la Hague a été désigné comme un pilier du projet stratégique de la filière nucléaire française pour le traitement-recyclage. Un programme dit de Pérennité-Résilience vise d’abord à prolonger la durée de vie du centre de traitement normand.
Des investigations sont actuellement menées pour déterminer les investissements à réaliser pour prolonger la durée de vie des installations.
Sylvain Renouf
D’importants investissements sont aussi en projets à La Hague dans le cadre du projet appelé Aval du futur. Parmi eux, la construction d’un nouvel atelier de déchargement des combustibles usés, de trois nouveaux bassins d’entreposage et d’une nouvelle unité de fabrication de Mox. Leur mise en service est prévue à l’horizon 2040. Une nouvelle usine de traitement des combustibles usés sera également aménagée, pour être opérationnelle à l’horizon 2045-2050. “ Ces nouvelles infrastructures prévues sur le site d’Orano la Hague sont destinées à prendre à terme le relais des usines actuelles “, conclut Sylvain Renouf.

Ce nouveau grand chantier pourrait démarrer à l’horizon 2030, après une phase de concertation avec la population… Après la mise en service du nouvel EPR de Flamanville et le début de la construction de l’EPR2 de Penly , l’avenir du nucléaire continue de se dessiner en Normandie.
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