En 2ème année de BP peinture-décoration au CFA de Caen, Sarah Levavasseur, 22 ans, est également détentrice d’une belle médaille d’argent gagnée lors des finales nationales de la compétition des métiers Worldskills. Regards croisés sur un métier aux multiples facettes, avec son maître d’apprentissage, Guillaume Dufour à Saint-Pierre-de-Semilly, dans la Manche.

C’est quoi ce métier ? En quoi cela consiste ?

Sarah : On parle de peintre applicateur de revêtement pour mur, plafond et sol. Concrètement, nous devons d’abord préparer le support : le protéger, mettre de l’enduit, faire le ponçage, puis faire la finition, avec l’application de peinture ou de papier peint… Pour le moment dans mon entreprise, je ne fais que les murs. Les missions varient, en fonction du niveau de rénovation et de propreté des murs. Je pense que 70% du temps est consacré à la préparation et 30 % à la finition.

Guillaume : On intervient chez des particuliers surtout, à hauteur de 80% – pour de la rénovation ou de la construction, avec effectivement de la pose de structure à peindre, le papier peint, la pose de sol… Nous intervenons aussi sur façades extérieures, avec du ravalement, et les menuiseries.

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?

Sarah : C’est assez varié ! Je fais beaucoup de rénovations, ce qui permet d’avoir des supports différents. J’aime beaucoup le contact avec les clients aussi. J’ai une préférence pour le papier peint et la finition en général, notamment avec la couleur. J’aime vraiment beaucoup la décoration, l’univers du bâtiment et cette alliance des deux, avec le travail manuel.

Guillaume : Ce qui me plaît, c’est l’échange avec les clients, voir leur satisfaction lors des réceptions de chantier, alors que parfois ils ont pu avoir des doutes. On a la chance de travailler avec une décoratrice – on peut conseiller nous-mêmes, mais cela permet d’apporter un service supplémentaire aux clients et d’être dans l’air du temps.

Depuis toute petite, j’adore dessiner et décorer ma chambre. Une des pistes était de devenir décoratrice d’intérieur. A l’époque, je voulais faire aussi gendarme, travailler dans les ressources humaines, mais c’est la peinture qui a gagné.

Quelles sont les qualités indispensables pour l’exercer ?

Sarah : Il faut être assez manuel, être calme et patient, parce que cela demande de la précision.  

Guillaume : Oui, il faut être rigoureux, avoir une bonne relation avec la clientèle, être assez maniaque et savoir s’adapter aux chantiers.

Après la 2ème année de Brevet Professionnel

« Pour la suite, j’ai eu beaucoup de mal à choisir entre la mention décoration et la mention sol, qui durent chacune un an. La mention sol me convient mieux ; si je suis bien classée aux épreuves européennes des Worldskills, au Danemark en septembre 2025, cela m’ouvrirait plus de portes. »

Comment pensez-vous qu’il va évoluer dans le futur ?

Guillaume : L’évolution va dans le bon sens, notamment au niveau écologique. Les fournisseurs mettent en place des produits, des types de peintures moins agressifs pour l’environnement ou les humains.

Sarah : Je pense que c’est un métier que la technologie ne peut pas remplacer. Oui, l’évolution peut se faire sur les produits, notamment sur le recyclage. On a déjà beaucoup avancé : on utilise beaucoup de peinture à l’eau, on met moins de peinture à l’huile, qui pollue, et est assez agressive. En plus, elle sèche très vite et abîme rouleaux et pinceaux, qui sont donc moins réutilisables. 

Il y a une baisse dans le neuf – d’où l’importance de proposer de la rénovation. Ce sont deux savoir-faire différents ; il y a plus de surprises avec de la rénovation, qui est plus technique, ne serait-ce que pour s’adapter aux supports, aux peintures existantes, aux éventuelles fissures…

Comment s’est passée l’épreuve lors de la compétition régionale ?

Sarah : C’était assez stressant. Au niveau du timing, sur la dernière journée, c’était parfois compliqué, pour tout donner dans les 4 heures qui restaient afin d’être classée dans les 3 premiers. Cela demandait beaucoup de concentration et beaucoup de monde nous regardaient.

Guillaume : C’est en tout cas une bonne image pour l’entreprise, pour le métier… Et pour Sarah, ce n’est que du positif : c’est une fille rigoureuse, motivée, qui veut toujours faire bien. Elle a encore à apprendre, c’est normal, mais c’est aussi à ça que sert l’apprentissage.

Selon vous, quels sont les atouts de la Normandie pour cette profession et à titre personnel ?

Guillaume : Il y a des peintres dans toutes les régions mais la Normandie est un marché dynamique – il y a eu pas mal d’achats de maisons après Covid avec de grosses demandes de rénovation. Pour l’instant, il y a du travail, on ne se plaint pas. Je suis de Saint-Lô, j’y ai grandi, je suis Normand. On a tout : la mer à côté, un peu de pluie aussi… ce qui n’est parfois pas simple pour faire du ravalement !

Sarah : J’aime beaucoup la nature, et j’adore faire de l’équitation – je monte ma jument qui est hébergée à l’Écurie de l’Olivier, et je me balade régulièrement autour de Saint-Lô avec elle, ou à moto.

Le conseil du pro

« Il ne faut pas hésiter à faire un stage pour découvrir le métier puis commencer en apprentissage. Lorsque j’étais salarié, je n’étais pas pour prendre des apprentis mais depuis, j’ai eu de la chance, et c’est assez agréable de former. Il faut cependant être motivé, curieux, et s’intéresser »

Ce contenu vous a été utile ?