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Etude d’impact environnemental, gestion des risques portuaires, optimisation des pêches, modélisation, simulation et expérimentation, évaluation des risques de navigation… Créée en 2008, SINAY a développé la première plate-forme big data polyactivités. Lauréate du premier Index French Blue Tech qui vise à accroître la visibilité des startups maritimes avec 23 autres jeunes pousses nationales, la PME normande apporte son expertise unique du numérique et du maritime. Portrait. 

Une double compétence 

PME normande créée à Caen il y 15 ans, SINAY est aujourd’hui experte dans la collecte et l’analyse des données maritimes. A l’origine, l’entreprise vient du monde de l’acoustique passive, c’est-à-dire de l’étude des bruits sous-marins et de l’étude des pêches : « les activités humaines produisent des bruits, et on sait que les mammifères marins se déplacent eux-mêmes avec des sonars qui émettent des bruits, créant parfois des interférences » explique Yanis Souami, fondateur. Mais qui dit acoustique sous-marine, dit enregistrement par hydrophone des bruits sous-marins et donc très gros volumes de données… « Nos ingénieurs n’étaient plus capables de les traiter efficacement avec des méthodes de calcul classiques, ils ont donc eu l’idée d’aller sur le big data. » 

On n’y va pas de manière intuitive mais de manière raisonnée, avec l’expérience du passé et l’ensemble des mesures qui permettent de donner des indications réelles."

En 2017, la PME, qui emploie aujourd’hui 100 personnes, a donc amorcé un virage très important en développant la première plateforme big data maritime. L’idée ? « Nous nous sommes rendu compte que dans beaucoup d’industries liées à la mer, il y avait également de très gros volumes de données non traitées, enregistrées par des capteurs, sur les bateaux… Or, c’est extrêmement intéressant de faire des calculs automatiques sur ces données, de façon à tirer des indicateurs pour piloter au mieux son activité » affirme Yani Souami. Un exemple ? Imaginez qu’en analysant plusieurs données combinées – courant, force du vent, houle, hauteur de vagues – nous soyons capables de déterminer les meilleures fenêtres d’intervention en mer sur une zone déterminée pour garantir la sécurité et la réalisation des opérations.  

Un produit phare, le Sinay Hub 

Cette plateforme, baptisée le Sinay Hub, s’appuie aujourd’hui sur plus de 350 Terabits de données maritimes issues du monde entier. Enrichie et actualisée au quotidien, elle fournit des prévisions environnementales et logistiques pour de multiples utilisations maritimes, auprès des acteurs de l’énergie offshore, de l’industrie maritime ou encore ceux contribuant à la protection de la biodiversité marine.
Autre composante essentielle : l’intelligence artificielle, avec l’écriture d’algorithmes qui vont permettre de traiter automatiquement ces données. Les data scientists de l’entreprise sont ainsi capables de les qualifier, les stocker, les sécuriser, les mettre au bon format, puis de les coder pour obtenir un traitement automatique. 

Dans le maritime, vous avez toujours besoin de la marée, du courant, de la météo, du trafic…des calculs nécessaires qui reviennent toujours de la même manière."

Grâce à cette base de données combinée à l’IA , SINAY développe des applications standardisées, appelées modules, qui répondent précisément aux besoins des clients, comme par exemple : le monitoring environnemental dans le cadre de travaux maritimes avec alertes en temps-réel, la détection des mammifères marins, les analyses de risque… L’entreprise est également capable de développer des projets personnalisés, avec des applications dédiées pour les besoins de clients spécifiques. « Sinay a par exemple développé une application appelé Netccobams, pour le compte de l’ACCOBAMS, pour cartographier les zones à risques en mer Méditerranée en fonction de la présence de mammifères marins et du trafic maritime. » 

Un catalogue d’API

La digitalisation de l’industrie maritime s’est fortement accélée au cours des 5 dernières années. Pour répondre à cette demande, Sinay propose désormais un catalogue d’API, non intégrée au Sinay Hub et disponible sur une « developers Platform » dédiée, pour fournir ainsi de la donnée brute aux acteurs du monde maritime.

Les usages de ces APIs sont divers, mais visent tous à optimiser l’industrie du freight maritime : tracker un container ou un navire, connaitre l’heure d’arrivée d’un navire au port ou encore estimer les émissions de CO2 d’un voyage. Pour l’API CO2, La méthode de calcul de Sinay a été approuvé par le Smart Freight Centre, conformément au cadre GLEC, la seule méthodologie mondialement reconnue pour mesurer les émissions tout au long de la chaîne d’approvisionnement logistique.

Une mission : protéger la biodiversité marine 

Offshore et câbles sous-marins, ports et travaux maritimes, pêches et halieutique, énergies marines renouvelables, industries navales… « Le pari qu’on a fait c’est de s’adapter aux spécificités maritimes. Nous venons de ce monde, ce qui nous permet de proposer cette double compétence » affirme Yanis Souami.  En France, Sinay réalise par exemple les suivis autour de huit parcs éoliens en projets ou en cours de construction actuellement que ce soit pour de l’acoustique, de la mégafaune, de la qualité de l’eau ou de l’halieutique et ce quelle que soit la phase du projet (initial, référence, travaux). L’entreprise réalise notamment les études de caractérisation du bruit sous-marin et des mammifères marins par acoustique passive sur une période de 24 mois de mesure.  

Les réglages utilisés pour les équipements immergés permettent d’enregistrer à la fois le bruit anthropique (généré par l’homme et ses activités) et l’activité bioacoustique des mammifères marins."

Les algorithmes de SINAY permettent ainsi de détecter et extraire les clics des marsouins et des delphinidés, ainsi que les sifflements de ces derniers, mais aussi les clics de cachalots, les signaux basse fréquence des rorquals et les vocalises des phoques.
Ils permettent également la détection et la description des bruits émis par les navires ainsi que d’autres sources liées aux activités humaines. « La réalisation de ces études s’inscrit dans une démarche d’évaluation environnementale avec pour objectif principal d’éviter, réduire et compenser si nécessaire les risques et les impacts potentiels induits par l’installation du parc éolien sur l’environnement marin » souligne Ingrid Pilard.

Lauréat de l’Index French Blue Tech dans la catégorie Numérique Souveraineté en décembre 2023, et fort d’une nouvelle levée de fonds quelques mois auparavant, Sinay poursuit son développement et souhaite mieux se structurer. L’entreprise travaille également sur un nouveau projet  d’envergure : Bioship. « L’objectif est de créer un système de scoring des navires en fonction d’indicateurs environnementaux et logistiques cela permettrait d’offrir une visibilité aux utilisateurs finaux dans leur consommation » souligne Yanis Souami.
Un beau projet pour donner un avenir toujours plus durable au monde maritime. 

BON À SAVOIR

Evoqué aux Assises du monde maritime en 2019 par Yanis Souami, fondateur de Sinay qui l’avait appelé de ses vœux auprès d’Emmanuel Macron, l’Index French Blue Tech a été officiellement lancé fin 2023. Il permet d’accroître la visibilité des startups maritimes, de faciliter l’orientation des investissements et d’améliorer le soutien apporté à ces jeunes entreprises en plein essor. 4 entreprises normandes, dont Sinay, dans la catégorie « Numérique et Souveraineté » font partie de cette première sélection nationale qui en compte 24

« J’ai décidé de m’installer en Normandie pour créer SINAY car il y a un écosystème local très favorable à l’émergence de startups. Normandie Incubation, la BPI, la CCI export, l’ADN et Normandie Participations sont autant de services qui travaillent entre eux pour accélérer le passage du projet à une entreprise dynamique. 

SINAY est une plateforme big data dédiée à la croissance de l’économie et à la conservation des océans.  

Là encore, la Normandie a de nombreux atouts. La filière Normandie Maritime regroupe des entreprises du naval, du nautisme, des énergies renouvelables, du portuaire et de la pêche. Par ailleurs, nous faisons partie de la French Tech qui est une communauté d’entrepreneuses et entrepreneurs se fournissant des retours d’expérience croisés. 

Enfin, le réseau universitaire et des grandes écoles a des compétences scientifiques et forme chaque année les nouveaux talents dont les entreprises ont besoin.” 
Yanis Souami

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