Souvent familiales, toujours résilientes, les entreprises de la sous-traitance industrielle se caractérisent, en Normandie, par leur diversité, leur ultra-spécialisation et leur complémentarité. Un atout de taille pour les grands donneurs d’ordres, qui trouvent localement tous les savoir-faire indispensables à la qualité de leur production.

Un maillon essentiel de la production industrielle

À l’échelle nationale, les entreprises de la sous-traitance industrielle représenteraient plus de 57 000 entreprises et 550 000 emplois. Et sans elles, pas de production possible ou, en tout cas, pas au rythme nécessaire. En Normandie, la filière se compose d’un tissu dense de TPE et de PME, souvent familiales ou historiques dans le paysage économique local, réparties sur tout le territoire.

La sous-traitance industrielle, précise et précieuse

La sous-traitance est la prestation (de conception, d’industrialisation, de production et d’opérations connexes) réalisée par une entreprise (appelée « sous-traitant ») selon des plans ou des spécifications définies par une autre entreprise (appelée « donneur d’ordres ») ou sous sa responsabilité.

 

Définition proposée par SOTRABAN, dans son livre blanc Les sous-traitants normands, acteurs de l’industrie française édité en 2022.

Spécialisation et adaptation

Usinage, électronique, chaudronnerie, plasturgie, traitement de surface, câblage : la filière normande se caractérise d’abord par la diversité de ses savoir-faire. Spécialisées, les entreprises sous-traitantes sont ici capables de réaliser des prestations ou des produits sur-mesure pour toutes les autres filières industrielles : automobile, aéronautique, agroalimentaire, nucléaire, etc.

Parmi elles, des PME comme FILT 1860, reconnue pour son savoir-faire technique de tricotage, tressage et confection. Elle consacre la moitié de sa production à la réalisation de produits sur mesure pour l’aquaculture, l’emballage, le ferroviaire, etc. Mais aussi des entreprises d’usinage comme DBN à Bayeux, qui produit des pièces en moyenne série pour la filière automobile ou Legeard, à Tinchebray, qui fournit les industries en panier de lavage (pour le nettoyage des pièces produites)…

En Normandie, la sous-traitance industrielle “joue collectif”

La force de toutes ces petites entreprises en Normandie ? Une bonne connaissance mutuelle et une capacité à s’organiser pour travailler ensemble. Elles n’hésitent pas à se regrouper pour mutualiser leurs moyens et leurs compétences, en vue de répondre à des appels d’offres en commun ou aller chercher de nouveaux marchés. Une vraie plus-value pour les donneurs d’ordres normands, qui trouvent sur place toutes les compétences dont ils ont besoin. Et une proximité qui les fait gagner en réactivité, coût de transports ou empreinte carbone…

Plusieurs associations fédèrent les entreprises de la filière

La filière sous-traitance industrielle s’est structurée, en Normandie, autour de plusieurs associations professionnelles nées sur les différents départements. Des structures qui contribuent à fédérer mais aussi à représenter les entreprises auprès de leurs partenaires économiques et des acteurs institutionnels. Parmi elles :

  • SOTRABAN
    La plus ancienne association de sous-traitants industriels de Normandie est née en 1972. Elle regroupe aujourd’hui 110 entreprises adhérentes, tous secteurs confondus (métallurgie, plasturgie, électronique, traitement de surface…). SOTRABAN se veut être un lieu de rencontres et d’échanges pour les entreprises de la filière, comme un interlocuteur privilégié auprès de leurs partenaires et donneurs d’ordre.
  • DIEPPE MÉCA ENERGIES
    Dieppe Méca Énergies rassemble des entreprises de la sous-traitance industrielle, des services à l’industrie, de la logistique ou de la construction. L’association a vocation à développer le business de ses 125 entreprises membres à travers l’innovation et l’export.
  • VIALOG
    Bureau d’études, assemblage, tôlerie, usinage, électronique, etc. : Vialog est une association au sein de laquelle une quinzaine d’entreprises sous-traitantes dieppoises et normandes se sont regroupées pour proposer un service industriel complet, de la conception à la distribution. Objectif : conquérir de nouveaux marchés. Exemple avec la start-up B-BOT, qui souhaitait passer le cap de l’industrialisation pour sa machine de recyclage de bouteilles plastiques. Cinq entreprises de Vialog ont contribué à la fabrication des 500 appareils aujourd’hui installés dans toute la France.
  • Club AISCO
    Créée en 1992 à Cherbourg-en-Cotentin, l’AISCO (Association Industries et Services pour les Systèmes Complexes) est un réseau d’une cinquantaine d’entreprises sous-traitantes (3 500 emplois). Toutes travaillent auprès des trois grands groupes industriels du Cotentin : Naval Group, Orano et EDF. Le club constitue un interlocuteur privilégié pour ces donneurs d’ordre mais aussi pour les élus et les services de l’Etat. Elle œuvre pour les grands projets industriels locaux (parc éolien offshore, EPR, hydrolien, etc.).
Studio 911 / Normandie Attractivité

Des événements qui valorisent la sous-traitance industrielle normande

  • Les rendez-vous d’affaires de Normandie. Organisés chaque année par les CCI de Normandie, les “RAN” permettent des rencontres ciblées et planifiées en mode “speed dating” entre grands donneurs d’ordres et sous-traitants de l’industrie.
  • Le SOTRABAN Business Meeting. Rendez-vous d’affaires, table-ronde, conférences : proposées par SOTRABAN, ces rencontres B2B sont ouvertes à toutes les entreprises industrielles de la région. Elles visent à rapprocher les sous-traitants entre eux et avec les donneurs d’ordres en Normandie.
  • SEPEM Industries. Les entreprises normandes répondent présentes ! Rien que SOTRABAN emmène chaque année sur ce salon professionnel un collège d’entreprises adhérentes (23 entreprises sur le SEPEM 2024) afin d’y représenter la filière de la sous-traitance industrielle normande auprès des donneurs d’ordres venus de toute la France.
  • Global Industrie. C’est LE grand rendez-vous international de l’industrie, organisé alternativement à Paris et Lyon. SOTRABAN et plusieurs de ses entreprises adhérentes ne manquent pas d’y participer en collectif.

Innovantes et résilientes

Par définition, les entreprises de la sous-traitance industrielle travaillent pour de grands donneurs d’ordres, à partir de commandes précises et bien définies. Ce qui ne les empêchent pas d’innover, voire de développer leurs propres produits, comme le souligne le livre blanc édité par le cluster SOTRABAN, à l’occasion de ses 50 ans, en 2022.

Pendant la crise de la COVID-19, certaines ont décidé de réagir face à la baisse d’activités, quand d’autres ont saisi de nouvelles opportunités. Spécialisée dans les filtres à air, Interfiltre (Lisieux) a par exemple imaginé Spirabilis, un épurateur d’air grand public capable de traiter l’air d’une pièce de 25m2 en 5 minutes… Expert en usinage et assemblage pour l’industrie de pointe, Calip Group a, lui, développé un distributeur de gel hydroalcoolique sans contact (Oxagel). Dans un autre registre, l’entreprise de tôlerie et de métallurgie industrielle Metaltech Legiret a capitalisé sur son savoir-faire pour imaginer des distributeurs automatiques à casiers. Commercialisés sous une marque dédiée, D2C Technologies, ces appareils sont destinés aux producteurs, notamment normands, qui veulent vendre en circuit court auprès des consommateurs.

Et lorsqu’elles ne développent pas de produits, les entreprises de la sous-traitance industrielle font porter leurs efforts d’innovation sur leurs procédés ou leurs pratiques managériales. Dès 2013, la Scop SAIRC Outillages a opté pour la robotisation, en vue de conquérir de nouveaux marchés tout en améliorant les conditions de travail de ses salariés (passage en horaires de jour). Spécialisée dans le traitement des métaux, TMC (11 salariés) a mis en place, depuis 2015, un outil de gestion informatisé de ses processus pour améliorer la gestion et la traçabilité des commandes.

Décarbonation et transition écologique : la filière s’engage pas à pas

Transition énergétique et écologique sont aujourd’hui une nécessité pour les entreprises sous-traitantes. D’une part car, comme toutes les entreprises, elles ont besoin, pour des raisons économiques évidentes, de réduire leurs dépenses énergétiques. D’autre part, parce que la réduction de leur impact environnemental fait désormais partie des critères de choix des grands donneurs d’ordre industriels, qui veulent s’entourer de partenaires responsables.

Le cluster d’entreprises sous-traitantes SOTRABAN sensibilise déjà ses adhérents sur le sujet et prévoit la mise en place de groupes de travail dans les mois à venir. Les initiatives des entreprises sous-traitantes normandes restent aujourd’hui majoritairement individuelles. A l’instar de celle de Tecal Verbrugge, spécialiste des traitements de surface par anodisation à Vire : son activité nécessitant 27 m3 d’eau par jour, l’entreprise a créé sa propre station d’épuration et réduit, en parallèle, sa consommation de 20 %…

L’emploi dans la filière sous-traitance industrielle

Le rebond économique que connaît l’industrie normande depuis 2021 a des répercussions sur les entreprises sous-traitantes. Ces dernières font elles aussi face à un regain d’activité, qui se répercute sur l’emploi. Selon l’enquête menée par SOTRABAN auprès de ses adhérents au printemps 2022, une grande majorité des sous-traitants industriels de Normandie cherchent aujourd’hui à recruter des salariés.

Si les profils techniques – soudeur, chaudronnier, opérateur, opérateurs machines – restent parmi les plus recherchés, de nombreuses opportunités sont aussi à saisir dans les fonctions commerciales et administratives.

Des formations nombreuses et des entreprises qui s’adaptent

Du CAP au diplôme d’ingénieur, les formations qui permettent d’accéder aux emplois dans l’industrie sont nombreuses en Normandie.

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Face aux tensions de recrutement et à leurs besoins de personnels opérationnels, plusieurs écoles de production ont vu le jour ces dernières années en Normandie, avec le soutien des entreprises, des associations professionnelles et de la Région : école d’usinage dans le Cotentin, école de chaudronnerie au Havre.

Autre exemple près de Caen où une nouvelle école-entreprise privée, Métal Academy, a lancé sa première promotion de formation au métier de soudeur en septembre 2023. Des établissements qui affichent un taux proche de 100 % d’embauche à la sortie.

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