Lors de la 47ème finale nationale des Worldskills – la compétition des métiers – Cyprien Talbot, 18 ans et originaire d’Alençon, s’est notamment distingué en obtenant la médaille d’or en contrôle industriel. En formation au Pôle formation UIMM Grand Ouest Normandie, à Caen, c’est sous la houlette bienveillante d’Emmanuel Perrigault, technicien poste source chez Enedis dans l’Orne, que le Normand apprend les différentes facettes du métier. Un rôle important qui consiste notamment à veiller sur les postes sources, véritables nœuds de transport, derniers éléments entre le client et le réseau électrique.
Regards croisés entre ce jeune talent et son tuteur d’apprentissage.

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?

Cyprien : « Ce que je préfère, c’est la partie dépannage ; rechercher d’où vient un problème, à l’aide de schémas et d’appareils de mesure de pannes. J’aime aussi le fait de ne jamais être au même endroit. »

Emmanuel : « C’est vrai qu’en tant que technicien, on assure l’exploitation, mais aussi la maintenance et le dépannage des 14 postes sources du département, donc des missions et des endroits variés, que l’on découvre parfois le matin même. C’est aussi l’attrait de notre métier : nous ne sommes pas cloisonnés à faire une chose, et la même tous les jours. Et c’est un métier utile pour la distribution d’électricité, puisqu’un poste source est un nœud de transport entre la production des 90 000 volts – issue des centrales nucléaires ou des énergies renouvelables – et la distribution de l’énergie sur les réseaux haute tension, en 20 000 volts. »

Quelles sont les qualités indispensables pour l’exercer ?

Emmanuel : « Il faut évidemment savoir lire un schémacomprendre les fonctionnements et avoir une méthodologie dans les différents process, comme pour la recherche de panne. Il faut avoir le sens de la recherche et s’intéresser à l’électricité… cela ne se fait pas en un claquement de doigts mais pour la personne intéressée par ce type de métier, par le contrôle et le dépannage, il y a de quoi s’occuper ! »

Comment pensez-vous qu’il va évoluer dans le futur ?

Emmanuel : « Nous sommes en pleine modernisation – nous sommes notamment en train de passer à la numérisation des postes sources, en lien avec des entreprises sous-traitantes. Cela va permettre de moderniser les protections et leur auto-contrôle, pour nous permettre d’anticiper les interventions. »

Cyprien : « Il y a de plus en plus d’automates dans notre métier. Avec le temps, on sera encore sur le terrain mais il y aura beaucoup moins de câblage et on utilisera de plus en plus les ordinateurs : on sera vraiment dans la programmation. L’épreuve de la finale nationale de programmation aux Worldskills est notamment liée à toutes ces nouvelles évolutions. C’est une bonne chose d’avoir travaillé là-dessus ; ça va m’être utile pour plus tard. »

Comment s’est passé l’épreuve lors de la compétition ? Quel impact cela a eu ?

Cyprien : « Dans le cadre de ma préparation aux Worldskills, j’ai pu découvrir cette partie programmation ; j’en avais fait un peu dans le cadre de mes études, mais j’ai vraiment pu pratiquer concrètement lors de la finale nationale. J’ai dû aussi montrer que je comprenais des schémas, effectuer un exercice de dépannage, et un test de quatorze heures d’installation de borne et câblages. »

Emmanuel : « La finalité de l’épreuve était différente d’un poste source mais toute la partie automatisation, câblage, recherche de panne ou dépannage etc. fonctionne sur le même principe. Je suis très fier de Cyprien et de sa médaille d’or ; je ne connaissais pas du tout les Worldskills, c’est lui, au début de sa première année, qui m’a demandé s’il pouvait participer. J’ai vu dès le début qu’il était quelqu’un de très concentré sur ce qu’il faisait, très attentif, très assidu. Il n’hésitait pas à reformuler pour être sûr d’avoir bien compris… C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup pour toutes ces qualités-là. »

Selon vous, quels sont les atouts de la Normandie pour votre métier ?

Cyprien : « La Normandie est un territoire industriel ; cela permet d’avoir des lieux de formations importants. Comme il y a beaucoup d’industries, il y a également beaucoup d’emplois à l’issue de nos études. Personnellement, je ne m’imagine pas vivre ailleurs qu’en Normandie ; je suis né en Normandie, j’y ai toute ma famille et tous mes amis. »

Emmanuel : « D’un point de vue professionnel, j’ai toujours travaillé ici, d’abord à Mortagne-au-Perche et aujourd’hui à Alençon. On voyage à travers tout le département de l’Orne, c’est un endroit que j’aime beaucoup. »

Et d’un point de vue plus personnel ?

Emmanuel : « Moi, je suis Percheron. J’y suis né, j’y suis habitué… ! On a de vrais atouts : les paysages, une belle campagne, les gens eux-mêmes… »

Cyprien : « La Normandie est une très belle région. J’aime beaucoup l’Orne et Alençon et particulièrement la campagne, la forêt. Je vais souvent dans la forêt d’Ecouves ; avec ma famille, on y fait du VTT et parfois du trail. Depuis 5 ans, j’ai pu découvrir Caen, où je fais mes études : c’est plus vivant qu’Alençon le soir, mais je reste fidèle à ma ville d’origine !
Les Normands sont en plus vraiment conviviaux ; ça s’est vu lors de la finale nationale des Worldskills, l’équipe normande était vraiment unie, soudée, on était toujours tous ensemble. »

Bon à savoir

Installation électrique, solier, jardinier paysagiste, peinture et décoration… Du 14 septembre au 16 septembre à Lyon, plus de 800 participants ont relevé le défi des Worldskills, dans 69 métiers différents, allant des arts à la construction en passant par l’industrie. La région Normandie, emmenée par l’Agence régionale de l’Orientation et des Métiers, s’est particulièrement distinguée lors de cet événement, remportant un total de quinze médailles, dont sept en or, trois en argent et cinq en bronze, ainsi que neuf médailles d’excellence.

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