Depuis fin 2024, l’Institut CARMeN accueille, au sein de l’Université de Rouen Normandie, un spectromètre de masse FTICR de 18 teslas, parmi les plus puissants au monde. Cet équipement de pointe permettra d’accélérer les recherches menées par l’institut et des laboratoires associés, dans des domaines tels que la santé, l’énergie et l’environnement.
Avant son arrivée en novembre 2024 au sein de l’Université de Rouen Normandie, il aura fallu renforcer la dalle de la salle prévue pour l’accueillir avec des pieux métalliques de dix mètres de profondeur… C’est dire si le nouveau spectromètre de masse de l’Institut CARMeN impressionne, tant par son poids (7,5 tonnes) que par ses capacités. Avec ses 18 teslas, il est le troisième aimant de ce type le plus puissant au monde, juste derrière deux appareils de 21 teslas implantés aux États-Unis, et le seul en Europe. Le nouvel équipement, utilisé pour analyser toutes sortes de composés chimiques, “ va faire rayonner la recherche normande et attirer des scientifiques du monde entier “, se réjouit Julien Legros, directeur de l’Institut CARMeN.
Le CARMeN choisi pour accueillir le FTICR
L’Institut CARMeN (Chimie Analytique et Réactivité Moléculaire en Normandie, ex-COBRA/LCMT) est une unité mixte de recherche (CNRS, Universités de Rouen Normandie et Caen Normandie, ENSICAEN, INSA Rouen) qui regroupe 235 personnes, dont 65 enseignants-chercheurs, 15 chercheurs, 33 personnels d’appui et 122 doctorants et post-doctorants. L’institut a été sélectionné pour accueillir ce nouvel équipement dans le cadre d’un appel à projet EQUIPEX+. D’un montant total de 7,5 M€, il a été financé à hauteur de 4,75 M€ par la Région, 2,5 M€ par TotalEnergies et 350 000 € du CNRS. L’Université de Rouen Normandie a, elle, investi 200 000 € en travaux d’aménagement.
Spécialisé dans la chimie de synthèse organique et la chimie analytique, pour laquelle le nouveau FTICR sera un atout majeur, les champs de recherche du laboratoire sont vastes.
Nous travaillons, en particulier, sur la synthèse de principes actifs pharmaceutiques et avons par exemple développé des voies de synthèse plus économes et à l’empreinte écologique réduite, dans le cadre de travaux financés par France Relance pour renforcer la souveraineté pharmaceutique de la France.
Le laboratoire a également joué un rôle crucial dans l’analyse de l’incendie de Lubrizol, en septembre 2019 à Rouen, débouchant sur le projet COP HERL financé par la Région pour évaluer les conséquences environnementales et sanitaires de cet accident industriel.
Un outil au service de la recherche nationale et internationale
Avant l’arrivée du FTICR 18 teslas, le laboratoire était déjà doté d’un spectromètre de 12 teslas le plus puissant de ce type en France. Le nouveau spectromètre de masse permettra d’obtenir des analyses plus précises, avec une résolution supérieure et une meilleure qualité des informations recueillies. ” Avec des signaux plus fins, nous pourrons analyser des mélanges solides ou liquides plus complexes. Avec de l’instrumentation classique, il n’est souvent possible que de détecter ce que nous cherchons déjà. Désormais, nous pourrons découvrir des composés inconnus “, explique Carlos Afonso, enseignant-chercheur à l’institut. Autre atout majeur : la rapidité.
Ce qui nous prenait une journée pourra être fait en une demi-heure.
Des capacités exceptionnelles qui ouvrent des perspectives de taille pour l’institut CARMeN et d’autres laboratoires associés, comme le IC2MC (International complex matrices molecular characterization). Basée au Havre, cette unité de recherche adossée au CNRS réunit depuis 2014 des chercheurs du CARMeN, de l’Institut des sciences analytiques et de physico-chimie pour l’environnement et les matériaux (PREM) de Pau, du National High Magnetic Field Laboratory de Floride et de Total Energies.
Ce nouvel appareil nous permettra par exemple d’accélérer nos recherches sur les biocarburants issus de la pyrolyse de bois ou de microalgues, ainsi que sur l’optimisation de la durée de vie des batteries lithium-ion
Intégré au réseau national du CNRS Infranalytics, le FTICR 18 teslas sera également accessible à d’autres chercheurs en France. Depuis 2015, ce réseau met à disposition des scientifiques des équipements analytiques de pointe, dont six spectromètres de masse. “ Le FTICR pourra attirer en Normandie des chercheurs qui veulent bénéficier de ses capacités d’analyse pour des projets de recherche autour de thématiques extrêmement variées et intéressantes ”, se réjouit Carlos Afonso. Fin février, un scientifique de Pau est par exemple venu réaliser des analyses sur les PFAS, des polluants éternels impliquant des risques pour la santé des populations partout dans le monde. Avec le FTICR, la Normandie promet d’être à la pointe de la recherche nationale et mondiale.
Karine Porte, enseignante-chercheuse au laboratoire
« La Normandie s’est révélée être un pôle de recherche attractif, avec de nombreuses opportunités professionnelles dans l’industrie »
Une BD pour tout comprendre
Désireux de faire comprendre au grand public l’intérêt d’un tel équipement, l’Institut CARMeN a édité une bande dessinée, Voyage au centre de l’Aimant, disponible en PDF (en français, anglais et chinois) sur simple demande à [email protected]
Ils ont choisi la Normandie
Recherche et innovation
Thématiques
