Les métiers du nucléaire, longtemps restés dans l’ombre, sont aujourd’hui au cœur d’une filière énergétique dynamique sur le territoire normand. Avec deux projets d’ampleur, ces métiers d’avenir recrutent en grand nombre et s’adressent à quiconque souhaite participer au développement d’une filière énergétique indépendante et décarbonée ! On fait le point ci-dessous.

La Normandie, territoire d’industrie nucléaire

Construction de sous-marins à propulsion nucléaire, production d’énergie, retraitement des déchets, médecine… D’EDF à Orano en passant par les nombreux sous-traitants nécessaires à son bon fonctionnement, la filière nucléaire représente aujourd’hui près de 28 000 personnes sur le territoire normand. Côté production, avec 8 tranches nucléaires en service aujourd’hui, la Normandie représente 12 à 14% du mix électrique français, pour 4% de la consommation d’électricité. Une énergie bas carbone bien maîtrisée qui va prendre encore plus d’ampleur dans les années à venir.

Deux gros enjeux dès 2024

Parmi plusieurs projets dans la région, deux seront particulièrement demandeurs à partir de 2024. Premier enjeu, celui, bien sûr, des EPR2 : la construction de nouveaux réacteurs, dont les deux premiers seront accueillis à Penly, dans la région de Dieppe. La ville seino-marine est tête de série de ces nouveaux EPR (ou réacteurs pressurisés européens) dans le cadre de la programmation nationale et prévoit un pic de recrutement sur ce chantier de près de 10 000 emplois.

L’autre enjeu, c’est celui du Grand Carénage : comprendre les travaux nécessaires au prolongement de la durée du parc existant. Ces opérations de maintenance lourde ont lieu tous les 10 ans pour chaque tranche (correspondant à un réacteur nucléaire), avec des pics d’activité à 3 000 personnes par chantier. En Normandie, elles commenceront par le site de Paluel, en Seine-Maritime, pour la phase 2, afin de franchir les 40 ans et atteindre les 50 ans d’exploitation.
Les recrutements nécessaires pour les deux projets s’étaleront sur 10 ans, dès 2024, pour plus de 10 000 recrutements !

Des métiers variés

Studio 911
INSTN-Cherbourg

Pour mettre en œuvre ces projets d’ampleur, plusieurs secteurs d’activité sont sollicités : management de projet, génie civil, logistique et transport, numérique, métallurgie, génies des cycles et du nucléaire… si l’on recense plus de 120 métiers dans la filière80 seront particulièrement recherchés, dont quelques-uns, transverses à d’autres secteurs industriels, sont particulièrement en tension. Parmi la vingtaine identifiée, certains sont encore plus prégnants suivant les différentes phases du chantier.

  • A partir de l’été 2024 et jusqu’à fin 2026, les métiers du terrassement seront particulièrement recherchés pour dégager la zone et permettre d’accueillir les constructions : conducteurs d’engins, hommes de pied (personnes qui se chargent notamment d’aider le monteur à accomplir ses différentes tâches dans des conditions de sécurité optimales), canalisateurs…
  • A partir de mi-2026, avec un pic prévu en 2028/2029, le chantier sera en pleine phase de génie civil. Des conducteurs de travaux, des chefs de chantier, des chefs d’équipe, des grutiers, des coffreurs bancheurs, ferrailleurs… seront recrutés jusqu’en 2031/2032.
  • Vers 2028, les soudeurs, chaudronniers, tuyauteurs, électriciens, électromécaniciens… seront à leur tour mobilisés en nombre.

A noter que les premiers recrutements et les premières formations démarreront à la rentrée 2024 en septembre sur les métiers du terrassement.

Se former dans le nucléaire en Normandie : des formations adaptées pour tous

Du CAP au bac+5, de l’extraction d’uranium au retraitement des déchets, en passant par l’exploitation d’une centrale, les entreprises de la filière, telles qu’EDF ou Orano en partenariat avec les organismes de formation, développent des cursus adaptés aux besoins. Afin de relever le défi de ces recrutements, notamment dans le secteur industriel, le territoire dispose de nombreuses écoles, et près de 117 formations dédiées afin fournir ressources et compétences nécessaires.
On peut citer plus généralement les 12 pôles formation de l’UIMM, particulièrement tournés vers les métiers de la métallurgie, ou encore l’école HEFAïS, Haute école de formation de soudage, et l’INSTN, l’Institut national des sciences et techniques nucléaires, à Cherbourg-en-Cotentin. A Dieppe même, le lycée Pablo Neruda et le Lycée d’émulation dieppoise, proposent de découvrir plus spécifiquement les métiers du nucléaire à travers un BTS environnement nucléaireun bac PRO techniques d’interventions sur installations nucléaires ou un BTS mécanicien robinetier.
Du côté des écoles d’ingénieurs, le territoire n’est pas en reste : citons l’ISEN Yncréa, à Caen, l’Ecam à Cherbourg et l’ENSAM au Havre. Enfin, notons que l’université de Caen dispense également plusieurs formations spécialisées, notamment dans le champ de la sécurité nucléaire.

Les formations dans le nucléaire en Normandie

Un projet collectif

La filière doit faire appel à des personnes en recherche d’activité ou de reconversion et attirer des jeunes pour se former afin de travailler dans ce secteur. Elle cherche aussi à renforcer la mixité dans ses personnels, en valorisant ses métiers. Les femmes sont notamment sensibilisées : elles ne sont que 24% dans la filière, et 27% dans l’industrie. Pour ce faire, la Région Normandie, en partenariat avec le Rectorat, et l’Agence Régionale de l’Orientation et des Métiers, ont porté un dossier France 2030 / Compétences et métiers d’avenir. Le projet, baptisé 3NC (Normandie Nucléaire, Nouvelles Compétences) permet que la région normande soit plus attractive, et veut notamment inciter les jeunes, les personnes en recherche de nouvelles activités, à venir se former dans les métiers dédiés aux industries de la filière nucléaire, qui redevient une industrie d’avenir.

Bon à savoir

  • Université des métiers du nucléaire : Pour assurer l’avenir du nucléaire, l’Université des Métiers du Nucléaire a été créée pour dynamiser les dispositifs de formation du secteur nucléaire, aux échelles régionale, interrégionale et nationale, en particulier sur les compétences critiques. L’objectif ? Fédérer, tant à la maille nationale qu’à la maille régionale, l’ensemble des acteurs de la formation, de l’emploi et les industriels de la filière pour assurer la cohérence et la pertinence des différentes actions. Retrouvez l’ensemble des formations dans le secteur du nucléaire en Normandie sur leur site.
  • France Travail (ex Pôle Emploi) : les équipes de France Travail ont un rôle majeur à jouer sur la reconversion des talents vers les métiers en tension (soudeur, électricien, chaudronnier…), notamment via la Méthode de Recrutement par Simulation.
  • L’Agence de l’Orientation et des Métiers a sorti un Escape Game numérique sur les métiers du nucléaire. Cet escape game « Objectif MEGAWATT », en 2 volets, immerge le joueur dans la vie d’une centrale nucléaire, de sa conception jusqu’à la gestion des déchets.
    Ces 2 jeux permettent, d’énigmes en mystères, d’aborder 16 métiers du secteur du nucléaire :
    Jeu 1 : Chef de projet, technicien BIM, ingénieur calcul, dessinateur projeteur, calorifugeur, échafaudeur, robinétier, soudeur
    Jeu 2 : Technicien en mesure nucléaire, chargé d’affaire, opérateur de production, ingénieur chimie, ingénieur démantèlement, technicien déchet, chargé d’étude environnement, technicien logistique
  • La Normandie produit dès aujourd’hui 13% de l’électricité française, pour une consommation voisine de 4%. Dans vingt ans, alors que la consommation finale d’électricité aura vraisemblablement augmenté de 40% dans le pays, la Normandie produira 20% de l’électricité française (source RTE), elle comptera 11 tranches nucléaires (dont 3 EPR) et 5 parcs éoliens en mer.
    La Normandie va donc jouer un rôle clé dans la formation du futur mix électrique français. A ce titre, elle va également jouer un rôle déterminant dans la réussite des grandes transitions nationales, et sera fortement contributrice à la réindustrialisation du pays.
Projet nucléaire en Normandie

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