Fin juin, Amandine Steck s’envole pour le Japon avec ses créations dans les bagages. La vitrailliste de Honfleur fait partie de la délégation d’entreprises régionales qui représenteront l’excellence du savoir-faire normand sur le Salon de l’Art de Vivre à la Française à Tokyo puis sur le Pavillon France de l’Exposition Universelle d’Osaka.

Dans son atelier de Honfleur, Amandine Steck, 40 ans, perpétue l’art du vitrail normand, une tradition plusieurs fois centenaire. “ En Normandie, cette tradition a été poussée très loin techniquement au XIXe siècle, grâce notamment à l’atelier Duhamel-Marette alors basé à Evreux ”, explique-t-elle. Celui-ci a marqué l’histoire de l’art du vitrail avec une exigence dans le dessin et un soin du détail qui restent inégalés. A tel point que ces vitraux ornent, aujourd’hui encore, de nombreuses églises dans toute la Normandie, dont certains passent désormais entre les mains expertes d’Amandine Steck pour restauration.

Sa matière première : la lumière

Originaire de Chartres, la vitrailliste a choisi d’ancrer son art en Normandie en 2014, en reprenant l’atelier de Martial Mayel, fondé en 1976. “ Dès le départ, je savais que je voulais exercer un métier artistique, mais je ne savais pas lequel ”, se souvient la créatrice. Après une prépa aux grandes écoles, l’art du vitrail s’impose à elle. “ Ce que j’aime, c’est que c’est à la fois du dessin et de la technique. Il y a un vrai résultat final, quelque chose de concret. Et, comme en photographie, la matière première du vitrail, c’est la lumière.

Diplômée d’un CAP Art et technique du verre option Vitrail qu’elle décroche en candidat libre en 2006, après une formation en peinture sur verre, Amandine Steck affine son savoir-faire dans différents ateliers, notamment en Normandie, région particulièrement riche en vitraux anciens. L’opportunité de reprendre l’atelier honfleurais, où elle avait effectué plusieurs stages, s’est imposée naturellement. “ C’était un petit atelier, avec une vraie liberté de création, loin du tout-administratif des ateliers plus grands. Martial Mayel avait gardé une clientèle de particuliers, ce qui me permettait de continuer à créer.

L’art du vitrail, entre patrimoine et modernité

Aujourd’hui, au sein de son atelier rebaptisé L’Amande et l’Obsidienne, l’artisane partage son activité entre restauration de monuments historiques et création sur mesure. L’une comme l’autre exigent précision, patience et créativité. “Je m’adapte à tous les styles, du plus classique au plus contemporain. Récemment, on m’a demandé un vitrail sur le thème du comte de Saint-Germain… avec un petit Yoda intégré ! ” sourit-elle. Un défi qui reflète bien son approche : rigoureuse, mais jamais figée.

Le processus de création est aussi technique que poétique : maquette en aquarelle, découpe des gabarits papier, choix des verres en fonction des textures et des couleurs, peinture des détails, cuissons successives à 640 degrés… puis assemblage et soudure. Chaque vitrail est une pièce unique, fruit de quelques jours ou de plusieurs semaines de travail. “ Je pars toujours du principe que le dessin prime. Et j’essaie toujours de faire en sorte que le vitrail vive aussi bien de jour que de nuit.

De Honfleur à Osaka

Pour faire connaître son travail, Amandine Steck participe chaque année au Salon Maison & Objet à Paris, l’un des rendez-vous incontournables du design et de l’artisanat d’art. Mais cette année, c’est à l’international que la vitrailliste va exposer. Elle compte en effet parmi les membres d’une délégation d’entreprises normandes emblématiques, chargée de représenter l’excellence régionale dans le cadre de l’Exposition universelle d’Osaka, au Japon.

Un moment fort pour cette créatrice passionnée. “ C’ est un pays qui m’inspire beaucoup. La culture du vitrail n’y est pas très développée, c’est donc l’occasion de faire découvrir mon savoir-faire. C’est un peu un rêve qui se réalise, car je n’aurais jamais imaginé y présenter mon travail un jour. Pour l’occasion, Amandine Steck a imaginé quatre à cinq créations originales : des vitraux comme autant d’éclats de Normandie offerts au regard japonais… À travers son parcours, c’est toute une filière qui s’expose, celle des métiers d’art normands, où la tradition se réinvente pour mieux rayonner à l’international. Car du lin à la lumière, les artisans normands savent faire briller leur savoir-faire… bien au-delà des frontières.

Des entreprises normandes au Japon cet été

Les entreprises locales porteront haut les couleurs de la Normandie sur deux événements majeurs organisés au Japon cet été ! Les 25 et 26 juin 2025, deux artisans d’art normands – Amandine Steck (l’Amande et l’Obsidienne) et Pietro Seminelli (Artesina) – participeront d’abord, aux côtés d’une trentaine d’autres entreprises françaises, au Salon de l’Art de Vivre à la Française, organisé par Business France et l’Ambassade de France au Japon. Ils rejoindront ensuite la délégation constituée par la Région Normandie et l’Association Régionale des Savoir-faire d’Excellence Normands (ARSEN) pour conduire une douzaine d’entreprises normandes à l’Exposition Universelle d’Osaka… Parmi elles : la Biscuiterie de l’Abbaye (labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant), Isigny Sainte-Mère, Kiplay, Le Parapluie de Cherbourg, Maison Berger, La Tricoterie du Val de Saire, Saint-James… Quand l’excellence normande rayonne jusqu’au Pays du Soleil Levant !

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