Plein d’atouts, le café soluble connaît un regain d’engouement auprès des Français. À Dieppe, l’usine Nestlé, qui produit les marques Nescafé, Ricoré et Starbuck, maintient la cadence et redouble d’efforts en matière de RSE.
L’histoire de Nescafé débute dans les années 1930, au cœur de la Grande Dépression. Face à une surproduction de café au Brésil, les autorités brésiliennes sollicitent Nestlé pour trouver un moyen de conserver et de valoriser l’excédent de grains de café. Après plusieurs années d’expérimentations, ses chercheurs mettent au point un procédé de séchage par atomisation qui permet de transformer le café en une poudre soluble dans l’eau chaude. En 1938, la marque Nescafé (contraction de “Nestlé” et “café”) est officiellement lancée en Suisse. Le produit est un succès immédiat en raison de sa simplicité d’utilisation et de sa longue durée de conservation. Dans les années 1950, le groupe se diversifie. Il lance des variantes comme Ricoré : un mélange de café et de chicorée.
Nestlé Dieppe : une usine stratégique
Dans les années 1970, la multinationale suisse implante à Dieppe son usine de fabrication de ses produits Nescafé, Ricoré, puis Starbucks. « Cette belle usine compte parmi les sites stratégiques du groupe », souligne Jean-François Maison, son nouveau directeur depuis décembre 2024 après une carrière de 15 ans chez Nestlé et 10 ans chez Michelin.
Malgré une image parfois désuète aux yeux de certains, le café soluble se porte bien. « Un Français sur deux en consomme, précise Jean-François Maison. Il représente 20 % du marché global du café en France, après le café moulu et les dosettes. » Le café soluble connaît même une belle croissance : + 12 % pour Nescafé depuis 2019 et + 8 % l’an dernier pour Ricoré.
Près de quatre fois moins cher que les dosettes, le café soluble séduit par son prix. Mais pas seulement. Le produit est aussi facile et rapide à préparer. « 60 tasses de Nescafé sont consommées chaque seconde en France », aime à rappeler Jean-François Maison.
Moins fort en caféine et plein de magnésium et de fibres, le mélange café/chicorée de Ricoré plaît beaucoup lui aussi.
Un savoir-faire industriel spécifique
Chaque année, le site de Dieppe reçoit par bateau, au port du Havre, 36 000 tonnes de café provenant de 8 pays producteurs, dont le Brésil et le Vietnam essentiellement. Ce café est alors transformé à travers un processus qui mêle à la fois tradition et innovation.
Le café vert, qu’il soit arabica ou robusta, est tout d’abord nettoyé, puis mélangé. L’usine Nestlé de Dieppe travaille avec 21 recettes différentes. Ces mélanges sont ensuite torréfiés, ce qui donne au produit toutes ses saveurs et ses arômes, puis moulus. Vient alors l’étape cruciale de l’extraction. « Comme avec une cafetière, nous venons mettre de l’eau sur la poudre pour en extraire le maximum de matières solubles, autour de 12 % », explique Jean-François Maison. Améliorer ce taux est un enjeu fort, car le prix du café ne cesse d’augmenter, en raison des conséquences du réchauffement climatique.
Parmi les enjeux, celui de l’énergie en est un autre. L’étape suivante de la fabrication, qui combine les procédés d’atomisation et lyophilisation du jus par évaporation et congélation, est très consommatrice d’énergie. Pour rendre ses processus de production plus respectueux de l’environnement, le site a mis en place une chaudière biomasse. « Elle permet de recycler le marc de café pour produire de la vapeur d’eau et ainsi couvrir deux tiers des besoins énergétiques du site », précise Jean-François Maison.
Des engagements forts
Des investissements dans des équipements à faible consommation d’énergie sont régulièrement réalisés, comme l’installation récente de nouveaux évaporateurs pour améliorer l’efficacité énergétique.
L’usine, qui abrite 8 lignes de conditionnement, mise aussi des solutions plus durables pour ses emballages, avec pour objectif de les rendre tous 100 % recyclables.
Toutes ces initiatives font partie de l’engagement global de Nestlé dans la réduction de son empreinte écologique.
Au-delà des technologies utilisées, Nestlé accorde une attention particulière à la qualité de ses produits. La production de café à Dieppe est soumise à des normes strictes et à un système qualité rigoureux, avec de nombreux contrôles à chaque étape de la chaîne de production.
Un acteur majeur de l’emploi local
Avec ses 480 salariés, dont 420 en CDI, l’usine Nestlé de Dieppe fait partie des plus grands employeurs de la région. Le site recrute chaque année une trentaine de nouveaux salariés, notamment pour remplacer les départs en retraite.
L’usine fait également un effort particulier pour former ses collaborateurs, en particulier les jeunes. Le site emploie une grande proportion d’alternants (22 en ce moment) et mise sur un management participatif. « Nous donnons beaucoup d’autonomie aux équipes et nous les encourageons à participer activement à l’amélioration continue », explique Jean-François Maison.
Les profils recherchés sont principalement dans les métiers techniques, comme la maintenance et la gestion de la production. Nestlé Dieppe offre des opportunités pour des opérateurs de production, des techniciens de maintenance et des cadres spécialisés.
L’usine s’engage aussi à développer les compétences de ses équipes par la formation interne. « Nous investissons beaucoup dans le développement des compétences via des formations privilégiant la pratique et du e-learning », ajoute Jean-François Maison.
L’usine est par ailleurs bien intégrée dans son écosystème local. Elle travaille en étroite collaboration avec des entreprises de la région et participe activement à des initiatives collectives, comme le groupement Dieppe Meca Énergie, qui regroupe plus de 200 entreprises locales pour réfléchir et avancer sur les enjeux liés à l’industrie, à la sécurité, la formation et le développement du territoire.
Vers un site encore plus durable
L’usine Nestlé de Dieppe continue de se projeter dans l’avenir avec de nombreux projets de modernisation et d’innovation. En 2025, une cinquantaine de projets techniques sont prévus, notamment des investissements pour améliorer l’efficacité énergétique, la réduction de l’empreinte carbone et l’amélioration des conditions de travail. Parmi les projets phares, l’usine prévoit la mise en place de pompes à vide pour remplacer les éjecteurs vapeur dans le procédé de lyophilisation, une initiative qui permettra de réduire de 12,5 % les émissions de CO2 du site.
L’usine de Dieppe se veut ainsi un exemple de site industriel moderne qui dessine la voie pour un avenir plus vert, tout en restant fidèle à l’ADN de Nestlé : produire des produits de qualité à destination des consommateurs du monde entier.
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