Vialog regroupe une quinzaine d’entreprises normandes, qui proposent ensemble des solutions d’industrialisation et de logistique. Une offre qui séduit particulièrement les start-up, qui peuvent ainsi lancer la fabrication et la distribution de leurs produits, sans avoir à investir dans des moyens techniques colossaux. Ce modèle de groupement, basé sur la mutualisation des savoir-faire et un fort ancrage territorial, reste unique en France. 

Etria / Toshiba

C’est bien connu : l’union fait la force. À Dieppe, les entreprises l’ont bien compris. Une quinzaine d’entre elles se sont regroupées, depuis 2009, au sein de l’association Vialog pour agglomérer leur savoir-faire, leurs compétences et leurs outils de production afin de les mettre au service des autres. “Les membres de Vialog proposent ainsi à d’autres entreprises et industries un éventail de solutions pour accompagner leurs projets, qui vont du bureau d’études à la distribution en passant par la fabrication et la logistique “, souligne Alain Verna, directeur général d’ETRIA Manufacturing France (anciennement Toshiba) à Dieppe et fondateur du groupement d’entreprises. 

VIALOG EN CHIFFRES

• 15 entreprises membres. Principalement situées à Dieppe, Rouen et Vernon, elles opèrent dans différents secteurs d’activité : bureau d’études, design industriel, tôlerie, injection plastique, transport, logistique, etc.
• 120 000 euros de budget annuel, financés à hauteur de 350 euros/mois par chaque entreprise membre.
• 1 responsable commercial dédié, qui joue le rôle d’apporteur d’affaires.
2 millions d’euros de chiffre d’affaires additionnel généré chaque année pour ses entreprises membres.

Un modèle de groupement d’entreprises unique en son genre 

L’histoire de Vialog remonte au milieu des années 1990, au sein d’une première association baptisée La Sphère. Créée par Toshiba Tec, à Dieppe, elle visait à rassembler les sous-traitants partenaires du leader européen de l’assemblage de photocopieurs, pour améliorer leurs performances grâce à des échanges de bonnes pratiques et la mise en place d’un centre de formation. 

Nous avons travaillé ensemble pendant près de 20 ans : ce premier groupement a instauré localement une culture du travail collaboratif et du bénéfice partagé

Alors quand, au début des années 2000, Toshiba Tec redéfinit son cœur d’activité et cesse le recours aux sous-traitants, pas question de stopper la dynamique pour autant. Question d’ancrage et d’engagement, pour son directeur général. ” Cela fait partie de notre ADN. Je considère que l’engagement des salariés pour une entreprise est proportionnel à l’engagement de l’entreprise pour son territoire…” L’industriel mène donc une réflexion pour déterminer comment continuer à valoriser les compétences locales et rassemble plusieurs entreprises, principalement issues du secteur de la logistique et de la zone Eurochannel. 

Alors que l’Axe Seine montait en puissance, il fallait que Dieppe tire son épingle du jeu. Nous avons donc décidé de proposer une offre innovante, en associant services logistiques et prestations industrielles “, explique le dirigeant. Vialog naît officiellement en 2009. Il ne s’agissait plus d’une relation entre un donneur d’ordres et un sous-traitant, mais bien d’une coopération entre des entreprises autonomes pour pouvoir proposer une offre de solutions complète sur tout ou partie de la chaîne de valeur d’un produit.“ Ce modèle de groupement d’entreprises, basé sur la mutualisation des savoir-faire et la collaboration, est encore unique en France. 

Toshiba-industrie

Vialog, un atout pour les start-up 

Pour booster son activité, l’association recrute un commercial, chargé d’aller dénicher des opportunités d’affaires pour les membres de l’association et séduit rapidement plusieurs start-up, venues de toute la France. “ Après avoir conçu leur produit, les start-up doivent trouver les moyens techniques de les fabriquer. Vialog leur offre une solution globale, allant de l’industrialisation jusqu’à la distribution “, souligne Nicolas Renoux, responsable du développement commercial du groupement. 

Depuis 2019, Vialog a ainsi fabriqué plus d’un millier de machines destinées au recyclage des bouteilles plastiques (les fameuses B:BOT), mais aussi des bornes interactives pour l’affichage de menus de restaurants moyen et haut de gamme. L’association s’apprête aujourd’hui à industrialiser les dalles en béton recyclées (EcoLithe) de Néolitik, une jeune start-up de Fécamp. “ Le modèle que propose Vialog est innovant, car il offre une alternative au schéma qui consisterait à aider les start-up à investir massivement sans en avoir les ressources pour monter leur usine afin d’industrialiser leur concept, alors qu’il existe déjà sur le territoire des entreprises qui possèdent les compétences et les moyens techniques de le faire “, estime Alain Verna. 

Plus d'un millier de b:bot fabriquées pour GreenBig 

Fondée par Benoît Paget, GreenBig est la start-up qui a mis au point la b:bot, une borne intelligente de collecte et de recyclage des bouteilles plastiques. Installées à l’entrée des grandes surfaces, ces machines réduisent directement les bouteilles plastiques apportées par les consommateurs en paillettes, réduisant ainsi le coût et l’impact environnemental de leur transport. Grâce à Vialog et aux compétences de plusieurs de ses entreprises membres en tôlerie, peinture, usinage et assemblage, plus de 1 000 ont été fabriquées depuis sa mise en production en 2021. En 2023, la start-up a réussi une nouvelle levée de fonds de 20 millions d’euros pour exporter son concept à l’international et continue à faire appel à Vialog pour sa production. ” C’est tout l’intérêt de notre offre : les start-up peuvent s’appuyer sur nos savoir-faire et nos moyens techniques pour nous déléguer la production, afin de pouvoir continuer à se concentrer sur leur innovation, leur développement commercial et leur recherche de fonds “, souligne Nicolas Renoux.

De nouvelles ambitions, pour aller plus loin 

Vialog ne compte pas s’arrêter là. Le groupement travaille désormais sur de nouvelles pistes pour accompagner les start-up au-delà de l’industrialisation, en particulier sur leur développement financier ou commercial. “Un bon produit ne suffit pas : les start-up ont aussi besoin de réseaux de distribution solides pour se pérenniser,” estime Nicolas Renoux. L’association compte aussi renforcer son impact économique local et poursuivre ses collaborations avec des entreprises innovantes. L’an passé, Vialog a rapporté près de 2 millions d’euros de chiffres d’affaires additionnel à ses membres.  

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