Installé entre Paris et Caen, OceanWings (ex Ayro) est un leader mondial de la propulsion par le vent des grands navires de commerce. Avec ses ailes rigides et inclinables, qui permettent aux bateaux d’économiser jusqu’à 40 % de carburant et d’éviter autant d’émissions de gaz à effet de serre, l’entreprise ambitionne de décarboner la filière du transport maritime.  

Des voiles rigides inspirées des ailes d’avions 

Le 6 mars 2025, la nouvelle fusée Ariane 6 réalisait son premier vol commercial avec, à son bord, le satellite CSO-3. Une prouesse technologique qui en cache une autre. Pour transporter les éléments du nouveau lanceur d’Europe vers la base de lancement de Courroux, en Guyane, ArianeGroup a utilisé, pour la première fois, un navire hybride. D’une longueur de 121 mètres, le Canopée a été équipé, en plus de ses deux moteurs diesel, de quatre ailes rigides, conçues et fabriquées à Caen par OceanWings (baptisée Ayro jusqu’en 2024).  

Un premier test grandeur nature pour l’entreprise, dont l’idée a émergé après une Coupe de l’America. “ En 2010, pour cette course au large mythique, Marc Van Peteghem, grand architecte naval, a imaginé une voile rigide, inspirée des ailes d’avion, pour le BMW-Oracle, le navire de Lary Ellison (Oracle), qui l’a emporté. Un concept qu’il a ensuite eu l’idée d’adapter aux navires de commerce, pour réduire leur consommation de carburant et leurs émissions de CO2 “, raconte Emmanuel Schalit. Président du Conseil d’Administration dès le lancement de l’entreprise en 2018 – “ par conviction face à la crise climatique et par passion pour la voile ”, il en est devenu le CEO, il y a deux ans.  

Le vent pour décarboner le transport maritime 

Le transport maritime affiche un important potentiel en matière de décarbonation. Selon l’Organisation maritime internationale (OMI), le secteur – en forte croissance – serait aujourd’hui responsable de 3 % des gaz à effet de serre au niveau mondial. “ On parle de 4 milliards de tonnes d’émissions de CO2 à l’horizon 2050 si aucune initiative n’est prise tout de suite, rappelle Emmanuel Schalit. Or, grâce à la propulsion par le vent, le transport maritime est décarbonable dès maintenant, en attendant de trouver en parallèle d’autres alternatives au carburant traditionnel…”  

Ocean Wings
ocean wings ailes bateau

Inspirées de l’aéronautique, les ailes rigides développées par OceanWings permettent aux navires de commerces de tous types – pétroliers, vraquiers, porte-conteneurs, bateaux de croisière – d’économiser de 25 à 35 % de carburant en moyenne et de réduire leurs émissions de CO2 dans la même proportion.Les économies attendues dépendent du type de navire et de la route empruntée. Pour les plus gros navires sur les routes les moins favorables, on obtient de 10 à 12 % d’économies. Et pour les navires plus adaptés, sur les routes plus favorables comme les transatlantiques, on peut atteindre jusqu’à 45 % d’économies “, détaille le CEO de l’entreprise.  

La Normandie accueille la première usine au monde d’ailes articulées pour la propulsion éolienne des navires  

Née à Paris où elle a gardé ses bureaux et son équipe d’ingénierie, OceanWings a implanté, en 2021, sa première usine de production d’ailes pour bateaux sur le port de Caen-Ouistreham, le long du canal qui relie Caen à la Manche.  

Caen était pour OceanWings un excellent compromis entre la mer – pour être accessible aux grands navires de commerce qui viendraient s’équiper – et Paris. La Normandie offre aussi l’avantage d’avoir une main d'œuvre très qualifiée et motivée dans le domaine naval : un très bon bassin d’emploi pour développer une activité comme la nôtre.

OceanWings donne des ailes à la décarbonation du maritime 
Caen sortie sur les quais à vélo

OceanWings met le cap sur le marché mondial 

Après 14 voyages transatlantiques menés entre 2022 et 2024, le Canopée a prouvé son efficacité. Ses ailes lui ont permis de réduire sa consommation de carburant de 25 % à 50 %. Dans son sillage, OceanWings accélère désormais son développement commercial et industriel. La société a lancé, en juin 2024, une nouvelle gamme d’ailes conçue pour s’adapter à la plupart des navires de commerce, grâce à un système innovant d’inclinaison. Elle a aussi dévoilé un modèle spécialement adapté aux contraintes des porte-conteneurs (exploitation portuaire, capacité de chargement) grâce à un mécanisme d’élévateur.  

En novembre 2024, OceanWings s’est ainsi associé au leader mondial du transport maritime par conteneurs, Hapag-Lloyd. Les deux entreprises vont développer ensemble un concept de porte-conteneurs de 4500 EVP (équivalent vingt pieds) à propulsion éolienne. “ Nous discutons donc avec de plus en plus d’armateurs partout dans le monde, explique Emmanuel Schalit. Nous nous attelons aussi à mettre en place une chaîne logistique entre la Normandie, où nos ailes sont produites, et l’Asie où la majorité des bateaux sont fabriqués, afin qu’elles puissent être assemblées et montées sur place.”  

OceanWings se structure pour être en capacité opérationnelle, à l’horizon 2035, de doter plusieurs centaines de navires par an de ses ailes et de pouvoir intervenir sur des dizaines de chantiers navals partout dans le monde. “ Avec 45 à 50 000 navires qui pourraient être équipés dans les 15 ans à venir, le marché est colossal “, affiche le CEO. Avec OceanWings, la décarbonation s’opère toutes voiles dehors.  

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