Première région pour la production d’énergie et troisième pour la production d’électricité, la Normandie entend aussi devenir un territoire moteur de la décarbonation en France. Emmenés par la Région, l’AD Normandie et Normandie énergies, les acteurs du territoire accélèrent aujourd’hui leur transition pour réduire leurs émissions de CO2 tout en augmentant leur compétitivité. Un aller sans retour vers une économie plus durable.
L’industrie normande en pleine mutation

Avec une industrie représentant 20 % de son PIB — contre 13 % au niveau national —, la Normandie est au cœur des enjeux de la décarbonation. “ Industrie et raffinage concentrent à eux seuls 44 % des émissions régionales de CO₂, suivis par le transport (31 %) et le bâtiment (21 %). Ces trois axes sont prioritaires pour la décarbonation de l’économie normande “, explique Alban Verbecke, président de Normandie Energies. La filière des entreprises de l’énergie intensifie, depuis 4 ans, ses efforts pour accompagner la décarbonation des acteurs locaux, en priorisant l’électrification des usages et le recours aux gaz renouvelables et notamment à l’hydrogène décarboné pour remplacer l’utilisation des énergies fossiles.
Normandie énergie, acteur majeur de la transition énergétique
Normandie énergies, filière d’excellence de l’efficacité et du mix énergétique normand, accompagne la transition énergétique du territoire grâce aux savoir-faire et aux compétences de ses 330 adhérents. Organisée en 4 pôles (nucléaire, pétrole & gaz, renouvelables, usages de l’énergie), la filière travaille sur 4 axes (promotion/networking, business, emploi et compétences, innovation) et promeut l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables auprès des acteurs du territoire normand.
Preuve de l’enclenchement de la dynamique sur le territoire, les projets d’envergure s’y multiplient. A Hodeng-au-Bosc (76), au coeur de la Glass Vallée, premier pôle mondial de flaconnage de luxe, la verrerie du Courval (Groupe Pochet) vient par exemple d’annoncer, en mai 2025, un programme d’investissement de 40 millions d’euros pour équiper son site d’un four électrique. Il permettra à l’entreprise d’augmenter ses volumes de production tout en réduisant ses émissions de CO2 de 50 %.


À Port-Jérôme, Air Liquide mettra en service à l’horizon 2026 un électrolyseur de grande capacité (200 MW) pour produire de l’hydrogène renouvelable et bas carbone. Baptisé Air Liquide Normand’Hy, le projet contribuera directement à la décarbonation des industries locales, qui en sont très consommatrices.
Autre exemple avec le projet SOCRATE, qui vise à décarboner les 3 zones industrialo-portuaires normandes de l’Axe Seine. Soutenu par l’ADEME dans le cadre de l’appel à projets national ZIBAC (Zones Industrielles Bas Carbone), le projet vise à définir une trajectoire de décarbonation à l’horizon 2030 et 2050 en passant par la réalisation de 33 études de faisabilité. Normandie énergies, partenaire de ce projet, a contribué au volet “réseau de chaleur industriels” et pilote une étude sur le déploiement possible du solaire.

La décarbonation, un levier de compétitivité pour les entreprises
Au-delà des objectifs climatiques et de l’ambition d’agir pour un monde meilleur, la décarbonation offre des bénéfices concrets aux entreprises normandes :
Sécuriser son approvisionnement
En 2022, la crise énergétique a mis en difficulté de nombreuses entreprises qui, pour certaines, ont vu leurs factures d’énergie s’envoler. “ Cet épisode a mis en lumière l’intérêt stratégique pour elles de réfléchir à des solutions alternatives comme la production solaire en autoconsommation pour stabiliser les coûts et sécuriser son approvisionnement en énergie ”, souligne Thibaut Hergat, responsable Business & Innovation au sein de Normandie énergies.
Faire des économies
Décarbonation rime aussi avec réduction. En 2020, le programme EPEE (Entreprise Propre et Économe en Énergie), conduit par Normandie énergies avec le soutien de l’ADEME et la Région, a permis à une centaine d’entreprises normandes d’être accompagnées dans la réduction de leurs consommations de fluides. En investissant 60 000 euros en diagnostic et travaux, elles ont réalisé en moyenne 15 % d’économies d’énergie et réduit leurs émissions de CO2 de 11 %.
Leur investissement a été amorti en 3 ans et ont réalisé des économies dès l’année suivante.
Constituer un avantage concurrentiel
La transition énergétique devient désormais un critère décisif dans les relations commerciales. De plus en plus de donneurs d’ordre, notamment dans l’industrie, exigent de leurs fournisseurs qu’ils prennent en compte les émissions indirectes (Scope 3). Pour rester dans la course, les entreprises doivent donc démontrer leur engagement environnemental.
Faciliter les recrutements
Dans un contexte de tension sur les recrutements, afficher une stratégie bas carbone cohérente devient un levier de différenciation pour attirer les talents, en particulier les jeunes générations en quête de sens.

Des solutions concrètes pour toutes les entreprises
La décarbonation n’est pas réservée aux grands groupes. Même les TPE, PME et ETI peuvent agir sans mobiliser des moyens considérables. Des leviers simples existent, comme l’ajustement des temps de production ou la rationalisation des usages énergétiques.
La méthode TELED

La Normandie est d’ailleurs pionnière dans cette approche de la transformation de l’entreprise, avec la méthode TELED, imaginée par un ingénieur local et aujourd’hui portée par un collectif régional. Ce mode d’organisation du travail permet d’optimiser les périodes de production en fonction du prix ou de la disponibilité des énergies. Facile à mettre en œuvre, cette démarche offre un gain immédiat sur la consommation et la facture énergétique.
Le solaire et l’autoconsommation
L’autoconsommation solaire connaît aussi un essor significatif. “ Depuis 18 mois, les entreprises normandes se sont véritablement emparées du sujet et il y a de plus en plus d’initiatives d’installation en autoconsommation partagée mêlant entreprises, citoyens, industriels, collectivités ”, note Thibault Hergat. Sans viser une autonomie totale, une couverture partielle des besoins en électricité suffit souvent à générer d’importantes économies.
C’est le choix opéré par Safran Nacelles, à Gonfreville-L’Orcher. Le constructeur de nacelles d’avions a installé en 2023 un parc photovoltaïque de 24 000 m2 en ombrière au-dessus des parkings. Il s’agit de la plus grande centrale photovoltaïque en autoconsommation sur un site industriel en France. Elle couvre 25 % des besoins en électricité de l’établissement et lui permettent d’éviter 66 tonnes de CO2 par an. Côté collectivités, Normandie énergies propose des formations aux acteurs économiques et publics afin de favoriser l’émergence de ces projets sur l’ensemble du territoire.

La mobilité électrique & hydrogène
Pour décarboner leurs activités, collectivités et entreprises font aussi le choix d’électrifier leurs flottes. “ Pour les usages plus intensifs ou les véhicules lourds, l’hydrogène constitue aussi une réponse prometteuse, déjà expérimentée en Normandie “, rappelle Alban Verbecke. Moteur du changement, la Région a mis en circulation depuis avril 2024 sur la ligne Evreux-Rouen un car dont le moteur diesel a été remplacé par un moteur électrique alimenté par une pile à combustible à l’hydrogène : le premier car rétrofité au monde !
La rénovation énergétique des bâtiments
Grâce au plan d’actions “ Normandie bâtiments durables ” instauré dès 2016, la région fait aujourd’hui figure d’exemple en matière de rénovation des bâtiments, notamment tertiaires. En tout, plus de 170 millions d’euros de subventions régionales et européennes ont été mobilisés et plus de 900 millions d’euros de travaux ont été engagés pour accélérer cette transformation. Résultat : 24 820 logements ainsi que 26 434 m2 de bâtiments publics ont déjà bénéficié d’une rénovation énergétique en Normandie, selon l’observatoire BBC régional.
Economie circulaire et nouveaux gaz
D’autres pistes sont aussi explorées comme la valorisation de la chaleur industrielle pour alimenter les réseaux de chaleur urbain – actuellement en extension dans certaines grandes métropoles normandes comme au Havre et à Caen – mais aussi dans de plus petites communes. “ De nombreuses initiatives locales émergent autour de la récupération de chaleur, à toutes les échelles “, constate Thibault Hergat. En matière de biogaz, l’Orne qui fait figure de précurseur. Le département a capitalisé sur le caractère agricole de son territoire pour développer la méthanisation. Il est aujourd’hui déjà en passe d’atteindre les objectifs nationaux fixés en la matière pour 2050…
La décarbonation, une dynamique collective

En Normandie, la décarbonation repose ainsi sur une mobilisation large et coordonnée. Industries, entreprises, collectivités, agriculteurs, acteurs de l’énergie : chacun contribue à bâtir un modèle plus sobre et plus durable. Pour accompagner cette transformation, la Région, l’AD Normandie, Normandie énergies et ses 330 membres proposent un appui pour les accompagner dans cette transformation. Aides financières et techniques, diagnostics énergétiques, mises en relation avec des prestataires spécialisés, workshop, journées d’informations et formations : tout est mis en œuvre pour rendre la transition énergétique accessible et concrète. Une dynamique collective qui fait aujourd’hui de la région un territoire pionnier et solidaire de la transition énergétique.
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